Data: 2025-03-07 04:09
La conscience qui se voue à la finitude et à la détermination de l’être-là, n’est elle-même, pour cette raison, qu’une conscience finie. 3
C’est justement pour cette raison que la pensée intuitive et, par suite, la vie rationnelle demeurent essentiellement orientées par la détermination de l’être-là (qu’il s’agisse d’un être empirique ou idéal). 3
En tant que celle-ci est une conscience, un être-là, le savoir absolu lui est immanent. 8
Mais « le connaissant… n’est rien d’autre que ce qui fait qu’il y a un être-là du connu, une présence ». « 11
C’est parce que la conscience est identique à la conscience de soi, que l’être-là a, d’une manière générale, « la signification de la pure pensée ». 14
L’être-là est l’apparence de la pensée. 14
Ainsi se fait jour une philosophie de l’effectivité qui situe l’essence concrète dans l’être-là de la détermination objective. 14
Les difficultés communes à la philosophie de la conscience et à la philosophie de l’être ne perdent-elles pas cette signification d’être un obstacle au progrès de la pensée qui veut circonscrire l’essence concrète de la phénoménalité si cette pensée comprend justement une telle essence dans son caractère concret, c’est-à-dire dans l’effectivité de son être-réalisé ? Car ce n’est pas l’inévitable référence de l’essence à la détermination, c’est la prétention de saisir l’essence en dehors de cette référence et dans une prétendue pureté qui doit être mise en cause, si l’être-là de la détermination effective est le devenir phénoménal et, comme tel, la réalisation de l’essence de la phénoménalité. 14
L’être-là effectif est ontique et ontologique en même temps. 14
L’être-là de l’étant se produit dans la connaissance ontique. 15
Mais celle-ci présuppose comme une condition de cet être-là, ou plutôt comme cet être-là lui-même et comme tel, l’accomplissement de la connaissance ontologique, c’est-à-dire l’ouverture de l’horizon de l’être. 15
Le devenir effectif de la manifestation est l’être-là. 16
L’étant est étranger à l’être-là comme tel. 16
Parlant de la communauté religieuse primitive et de son désir tourné vers le passé, Hegel dit que « à la base de ce retour en arrière se trouve certes l’instinct d’aller jusqu’au concept, mais il confond l’origine, comme l’être-là immédiat de la première manifestation, avec la simplicité du concept ». 17
A la première manifestation de cet étant, à son être-là immédiat, le concept est cependant immanent comme ce qui constitue cette manifestation même, cet être-là comme tel. 17
De cet être-là immédiat le concept ne saurait donc être abstrait. 17
C’est avec ces restrictions, à vrai dire essentielles, qu’il convient d’entendre ce texte de Hegel : « mais en ce qui concerne l’être-là de ce concept dans le temps et dans l’effectivité… comme l’esprit qui sait ce qu’il est, il n’existe pas autrement et il n’existe qu’après l’accomplissement du travail par lequel… il se crée pour sa conscience la figure de son essence et de cette façon égalise sa conscience de soi avec sa conscience ». 21
L’essence de la conscience est cependant l’être-là effectif du concept. 21
Parce qu’une telle lourdeur qui signifie identiquement « facticité », « passé », se trouve conservée dans le dépassement, parce qu’elle demeure en lui et s’y attache comme sa contingence originelle, elle le situe précisément et le détermine par ce lien, bien qu’elle ne soit elle-même déterminée, comme contingence, comme cet être-là individué et situé, que par lui. 44
Ainsi faut-il définir la situation comme « éclairée par des fins qui ne sont elles-mêmes projetées » – et faudrait-il ajouter « situées » – « qu’à partir de l’être-là qu’elles éclairent », et dire encore que « la fin n’éclaire le donné » – et faudrait-il ajouter « le situe » – « que parce qu’elle est choisie comme dépassement de ce donné ». 44
Le dessein de conserver pur le contenu de son concept implique cependant que l’être-là soit saisi dans ce qui le fonde ultimement. 44
Une telle saisie de ce qui, le donnant originellement à lui-même, le constitue précisément comme l’être-là originel et le fondement de tout être-là concevable, permet seule que soit évitée la chute de son concept, son interprétation à partir des déterminations que l’étant emprunte à l’être lui-même. 44
Ce que nous oublions d’essentiel, n’est-ce point, d’une certaine façon, ce qui est toujours là ? Et s’il est toujours là, si cet être-essentiel consiste justement dans le fait qu’il est l’essence universelle et toujours présente de la présence, l’essence de tout être-là possible et concevable, comment pouvons-nous l’oublier ? En n’y pensant pas. 45
Dans l’immobilité du masque, dans sa fixité effrayante, s’annonce ce qui précisément ne se manifeste pas en lui et ne peut non plus s’y manifester, l’élément radicalement autre dans son étrangeté foncière à tout ce qui revêt la forme de l’être-là, le non-visage. 51
La douleur ne constitue cependant chez Sartre que l’être-en-soi de la conscience, « son être-là », « son rattachement au monde », « sa contingence », elle n’est ce qu’est la conscience qu’en tant que la conscience n’est pas ce qu’elle est. 57
À l’être-étendu du corps, à son être-là dans l’étendue ne se réduit nullement, il est vrai, le corps de l’autre dans la communication. 67
Il faut, comme l’a justement noté Scheler, une modification fondamentale du regard, une attitude nouvelle et à vrai dire exceptionnelle comme celle de l’étudiant opérant une dissection, pour que ce qui se donne essentiellement et d’abord comme une structure signifiante n’apparaisse plus, dépouillé de sa signification, que comme un être-là mort dans l’étendue et comme une partie de celle-ci, pour que l’œil ou plutôt le regard ne soit plus rien d’autre précisément qu’un « globe oculaire ». 67
Elle est l’être de l’être-là en tant qu’il est là. 72
Ce n’est pas de l’extérieur, cependant, que la négativité confère à l’être la réalité dans l’être-là. 72
L’être-là inclut en lui-même le négatif. 72
L’être-là n’est pas séparé de la négativité ou, si l’on préfère, du concept. « 72
L’être-là, dit Hegel, est dans son concept. » 72
Ce à partir de quoi se produit le mouvement qui aboutit à l’être-là de la détermination objective, c’est ce mouvement même, c’est la négativité qui est la Nuit, c’est le Concept, c’est-à-dire le processus. 74
Le Concept n’est pas là, il est le devenir de l’être-là. 74
Quel que soit le mode particulier selon lequel cette objectivation s’accomplit (action, langage, art, religion), elle signifie dans tous les cas un passage dans la lumière, elle est l’opération par laquelle l’être surgit dans la dimension de l’objectivité en tant qu’être-là. 74
Mais le surgissement de l’être-là est la disparition de l’opération. 74
Dans la lumière nue où baigne l’être-là qu’a délaissé le Concept, ce qui se manifeste, c’est seulement ce caractère d’être délaissé, ce caractère d’être nu, c’est la profonde misère de l’objectivité. 74
L’hégélianisme prétend surmonter le dualisme de la forme et du contenu, réconcilier le fini et l’infini, l’être-là et le Concept. 74
Conformément à cette essence, ce n’est pas à un moment de son histoire que l’être-là se trouve livré à l’abandon ; cette déréliction est aussi ancienne que lui, elle remonte à son origine, elle est cette origine même puisque la disparition du Concept est une avec l’avènement de la détermination objective. 74
Le Concept et l’être-là sont en fait dans une extériorité si radicale qu’il nous est à peine possible de la penser. 74
La détermination inclut le négatif en soi-même, l’être-là, a-t-on vu, est dans son concept ; mais le Concept qui contient l’être-là n’est pas lui-même une effectivité présente, il est bien plutôt la fuite hors de toute effectivité et de toute présence, non pas l’être mais le néant. 74
Il est ce qui échappe perpétuellement à l’être-là, bien qu’il soit aussi ce qui permet à cet être d’être précisément là. 74
Cet échappement hors de l’être-là, ce mouvement par lequel le concept se refuse à la détermination, c’est le Temps. 74
Le Temps ne peut, en effet, être pensé comme l’être-là du Concept que s’il est lui-même un être-là. 75
Si donc le temps est un donné phénoménologique, c’est que son être doit pouvoir s’interpréter à partir de celui de l’être-là. 75
L’être-là compris dans sa signification temporelle est précisément le maintenant. 75
Le donné phénoménologique est toujours constitué par un maintenant concret, par un être-là déterminé. 75
S’il en était autrement, il ne serait pas l’évanouissement, mais un nouvel être-là. 75
La seule manifestation phénoménologique du « fait de s’évanouir » consiste justement dans le nouvel être-là, dans le nouveau maintenant qui prend la place de l’ancien. 75
Cela signifie que le « fait de s’évanouir » ne peut être « considéré en lui-même », indépendamment de l’être-là qui s’évanouit ou qui surgit. 75
Ce qui se manifeste dans la lumière comme un donné phénoménologique, c’est toujours l’être-là. 75
Que le temps pur ne puisse se manifester comme un phénomène dans la sphère de l’être transcendant, cela signifie, aux yeux de la conscience naturelle qui s’abandonne, dans sa naïveté pré-philosophique, au culte de l’être-là, qu’un tel temps n’est rien en lui-même et qu’on ne peut, en fait, le séparer de son contenu. 75
C’est par l’opération de celle-ci que le « fait de disparaître », « l’acte de se consumer » se trouvent posés en fait indépendamment de l’être-là qui disparaît, de la réalité temporelle qui se consume. 75
Elle est le temps originaire et pur compris lui-même comme la condition de tout être-là, de toute effectivité, réelle ou non, et, par exemple, de la représentation dans laquelle le temps pur est pour nous une réalité phénoménologique donnée encore qu’idéale. 75
C’est parce que l’être-là trouve son fondement dans une temporalité plus originelle que tout ce qui est qu’il est temporel et fini. 75
C’est le Concept qui n’est pas en et par lui-même un donné phénoménologique et qui appelle le temps afin que celui-ci lui confère la présence et l’être-là, mais le temps qui est l’être-là du Concept n’est qu’un temps vorhanden où le temps pur s’est perdu et, avec lui, le Concept. 75
La réalisation, sur le fond du temps, du Concept dans l’être-là est en fait la disparition du Concept, la perte et l’oubli de sa nature originaire, son aliénation dans la forme de la manifestation objective. 75
Lorsque, par exemple, la dialectique de l’action a montré que le produit de celle-ci, c’est-à-dire l’être objectif dans son objectivité, laisse échapper l’essence de la production, le fait d’opérer considéré en soi et pour soi, de telle manière qu’il n’est plus, dans le milieu de la lumière, qu’un être-là abandonné et contingent, un nouvel effort se fait jour qui vise à restituer à la sphère de l’objectivité cela même qui vient d’en être exclu. 76
Le langage doit pouvoir être l’être-là du Concept. 76
La Concept n’a pu, par la médiation de l’action ou par celle du langage, percer jusqu’à la lumière et s’objectiver dans l’être qu’à la condition de s’aliéner, et cela d’une façon si radicale que nous ne savons pas, en réalité, ce qui nous permet de dire, en présence d’une telle effectivité, qu’elle est précisément l’être-là dans lequel le Concept s’est aliéné. 76
C’est en tant qu’être-là pur et simple, c’est au sein même de son abandon qui fait de lui ce qu’il est, une effectivité morte et sans vie, que l’être-là est dans son Concept. 76
Elle marque bien plutôt l’obstination et l’entêtement de la conscience qui demeure dans l’être-là et qui n’est rien d’autre, précisément, que cette succession d’apparences dans laquelle les différentes déterminations objectives émergent tour à tour dans la lumière comme autant de masses concrètes. 76
De même que le divin n’a pu continuer à se manifester à la première communauté chrétienne qu’à la condition de conserver sa forme finie, de même le Concept hégélien ne peut, en réalité, se retirer de l’être-là de la détermination finie que si ce mouvement de retour en soi n’est en fait rien d’autre que l’acte d’aller à l’extérieur de soi et de se manifester à soi-même dans la lumière de l’extériorité. 76
Être une « expérience effective », cela signifie être dans le milieu universel de l’objectivité, être un phénomène dans la lumière de la transcendance, être-là sous la forme d’une détermination objective. 76
Car si le Concept ne peut se réaliser qu’en se manifestant, s’il ne peut se manifester qu’en s’objectivant dans l’être-là qui est son seul recours contre la puissance de l’Abîme, cet être-là cependant à la signification d’être l’aliénation et la disparition du Concept ; il doit donc laisser paraître tout aussi immédiatement son inégalité à l’être originaire et pur du Concept, il doit se manifester comme ne manifestant pas le Concept et il ne peut le faire qu’en disparaissant à son tour. 76
L’aliénation et la chute du Concept dans l’être-là — aliénation qu’on pourrait aussi entendre comme une mort — ne peuvent précisément signifier autre chose que la mort du Concept que si l’entité dans laquelle le Concept s’est nié, se trouve niée à son tour, et cela de telle façon que la fin empirique de cette entité exprime, du moins à sa façon, que le Concept est autre chose que ce qui prétendait un instant remplir, par sa présence concrète, le champ de l’expérience. 76
Celle-ci n’est cependant rien d’autre que le surgissement d’un nouvel être-là. 76
En fait, il entre aussi en rapport, quoique d’une manière implicite, avec ce qui rend possible l’être-là de ce contenu déterminé, c’est-à-dire avec l’être même de la présence comme telle, avec l’essence. 77
Dès qu’elle se rapporte à l’être-là, la conscience se rapporte aussi au Concept. 77
Comme l’essence, dans sa venue au jour, est soumise à la loi de la disparition, l’entité dans laquelle cette venue s’accomplit n’est plus, dans la lumière, qu’un être-là mort et sans secret. 77
Que signifie, cependant, ce maintien de la forme de l’objectivité au sein même de sa résolution ? Ce qui est présent dans le savoir absolu, ce n’est plus la figure dont l’être-là déterminé résorbe en soi-même sa propre signification d’être le Concept, c’est le Concept lui-même. 77
Ce qui est là pour lui, ce n’est plus l’être-là déterminé et contingent, c’est le fait d’être là, l’apparaître comme tel de tout ce qui apparaît, c’est l’essence universelle, l’universel fondement. 77